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« Mes frères » au théâtre de la Colline

Aware a été contacté par le théâtre de la colline pour assister à la pièce qui s’y joue jusqu’au 21 Octobre : « Mes frères ».

Résumé donné par le théâtre

Crédits photo © Philippe Chancel.

Texte : Pascal Rambert

Mise en scène : Arthur Nauzyciel

Jusqu’au 21 octobre 2020 au Grand Théâtre

Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30.

« Une maison dans la forêt. 4 frères et une femme : Pascal, Adama, Frédéric, Arthur, bûcherons, menuisiers, et Marie la servante. Leurs désirs, leurs pensées, leurs mots convergent vers elle qui aspire à la liberté et se révolte contre leurs assauts. Ils feulent, brament, braient, ils déplient leurs nuits. Rêvent-ils ?

Mes frères évoque le désir masculin virant à l’obsession, l’isolement, la frustration et la brutalité des hommes à l’encontre de la nature et de l’ensemble des vies qui la constitue. Comme une fable, un poème animiste ou encore un rituel amoureux. Mots à mots. Corps à corps.»

En quoi cette pièce aborde-t-elle des thèmes féministes ?

Pascal Rambert n’avait pas l’intention d’écrire une pièce féministe ou militante, mais d’explorer, à travers la forme du conte, la frustration du désir masculin.

Néanmoins, dès les premières phrases de chacun, nous comprenons que le viol, l’agression sexuelle, le harcèlement sexuel sont au cœur de l’intrigue.

Les quatre frères sont obsédés par Marie qui se refuse à eux tant bien que mal, mais en vain.

Crédits photo © Philippe Chancel

Le concept de « masculinité toxique » au premier plan

« Boys will be boys » : voilà qui résume en quelques mots ce que l’on appelle la masculinité toxique. Il s’agit, en bref, de restreindre aux hommes le droit à exprimer certaines émotions et leur imposer une norme de comportement : rester stoïque, fort, ne montrer aucune faiblesse. Cette masculinité et dite « toxique » car elle empoisonne les relations entre les genres ainsi que l’homme qui l’intègre.

Des hommes qui ne parviennent pas à s’exprimer, frustrés par leurs désirs inassouvis et les refus, en constante compétition entre eux, ne sachant répondre que par la violence : les personnages dépeints par Pascal Rambert en ont tous les traits.



Crédits photo © Philippe Chancel

Dimension écoféministe

Lorsque les quatre hommes parlent, il n’est parfois pas évident de savoir s’ils parlent du bois qu’ils travaillent ou du corps de la servante.

On y voit alors un parallèle entre la domination des hommes sur la femme et celle sur la nature. Elles doivent toutes deux se plier à leurs désirs, être leur propriété.


Avertissement

Crédits photo © Philippe Chancel

J’aimerais prévenir qu’il ne s’agit pas d’un vaudeville, la pièce se rapproche plus d’un film de genre, d’un film d’horreur que d’une comédie française.

La prose a été privilégiée : l’écriture est rythmée, on y décèle une intention poétique.

Les mots sont crus, les actes sont symboliques mais explicitement compréhensibles. Les corps dénudés de trois comédiens prennent place sur scène.

L’histoire en elle-même est violente, étant un récit traumatique.

Par ailleurs, un hibou, rapace ne vivant que la nuit, est quelquefois présent sur scène.

Point de vue

Ce n’est pas une pièce qu’il est agréable de voir. C’est un spectacle horrifiant, grinçant, glaçant.

A mes yeux, la violence des mots employés, que l’on parle du signifié ou du signifiant, a une raison d’être.

Le comportement des personnages nous répugne, en les voyant nus nous sommes dégoûté.e.s, notre pudeur est heurtée. Automatiquement je couvris mon buste de mes bras, je me recroquevillai sur moi-même à la vue de ces corps et à l’entente du récit de leur imagination obscène.

Ainsi, au-delà d’une empathie se développe une compassion. Nous souffrons comme la servante ; elle derrière sa porte, nous dans le noir de la salle.

Les quatre hommes justifient leurs actes ainsi que leurs façons de s’exprimer et de penser par leur éducation. Ils disent ne pas pouvoir changer.

En revanche, Marie – la servante – modifie son comportement, son paraître mais aussi son être pour s’adapter à ses persécuteurs.

Lorsque les quatre frères, chacun à leur tour, sortent de leur chambre la nuit pour tenter de séduire Marie ils disent faire un rêve, un songe qui n’appartient qu’à eux et dans lequel aucun des trois autres n’a le droit d’entrer.

Or, nous savons qu’il ne s’agit pas de rêves.

Cela nous appelle à prendre conscience de nos actes et de leurs effets. Aucun de nos faits, gestes, mots, regards n’est sans conséquence sur notre environnement ou sur autrui.

Tandis que nous, spectateurs et spectatrices subissons la compassion, les quatre personnages masculins se défont de toute responsabilité et se plaignent des blessures de leurs egos.

Les personnages sont très tranchés, caricaturaux.

Il faut toutefois faire attention à ne pas penser que l’extrême personnalité des quatre frères est incomparable à ce que chacun.e d’entre nous porte en soi.

La pièce dévoile une histoire déjà entendue, bien connue et durcit ses traits. Mais nous devons la prendre comme une mise en garde contre nos propres egos et désirs.

Crédits photo © Philippe Chancel

Conclusion

Une pièce bouleversante, à la forme exceptionnelle mais au fond universel.

Photos de © Philippe Chancel.

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