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Inégalités dans le sport : à quand le match nul ?

Il y a 120 ans, les femmes étaient pour la première fois autorisées à participer aux Jeux Olympiques. En 2012 à Londres, Laura Flessel était porte-drapeau. Un grand chemin a été parcouru mais l’accès au sport reste toujours difficile pour des millions de filles dans le monde, et la professionnalisation des femmes dans le sport est semée d’embuches.


Quelques chiffres

Faire du foot ou du rugby est encore trop réservé aux hommes et faire de la danse ou de la gymnastique est encore trop réservé aux femmes. En France en 2016, 97% des licenciés de football en France étaient des hommes et 93% des licenciés en danse étaient des femmes.

Mais ne prenons pas la situation française pour une généralité, la réalité dans beaucoup d’autre pays du monde est bien plus dure. Avoir accès à une pratique sportive, quelle qu’elle soit, est impossible pour des millions de femmes. Plusieurs raisons en sont la cause. Parmi elles : la précocité du mariage. 1 adolescente se marie toutes les 2 secondes dans le monde (Plan International). En se mariant très jeune, une fille a plus de chance d’être privée d’éducation et de tomber enceinte. Alors, en plus d’ignorer ses droits, elle doit rester à la maison s’occuper du foyer et n’a pas le temps ni le droit de pratiquer du sport. La tenue vestimentaire peut aussi poser problème dans certaines zones où les pratiques culturelles et religieuses sont très présentes. Faire du sport avec un voile peut être difficile si il n’est pas adapté et porter des vêtements laissant deviner de la peau ou la forme du corps peut être mal vu. Les conséquences sont dures : pas de tenue adaptée au sport et à la culture, pas de sport.

" Pour moi, une femme qui se bat au judo ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer ". David Douillet en 1998

Des propos sexistes d’autant plus fâcheux que, rappelons-le, David Douillet, deux fois champion olympique de judo, a été ministre des sports entre 2011 et 2012. A la stigmatisation des femmes pratiquant des sports « d’hommes » s’ajoute la stigmatisation des sportives professionnelles. Si leur métier est sportive de haut niveau et qu’elles ont des enfants, ce sont de mauvaises mères. Par contre pour les pères, il n’y a aucun problème. Ces propos ont certes été prononcés en 1998, mais aujourd’hui encore de multiples barrières entravent la professionnalisation des femmes dans le sport, que ce soit pour les sportives de haut niveau ou les femmes évoluant dans ce milieu professionnel. La première entrave, c’est la rémunération. Une sportive de haut niveau devient professionnelle à partir du moment où elle est payée grâce à sa pratique sportive. Dans le rugby français par exemple, seules les 24 joueuses du XV sont sous contrat semi-professionnel depuis 2019 alors que la professionnalisation des rugbymen a été amorcée dans les années 1990. Une grande partie des sportives de haut niveau doit donc travailler à côté des entrainements et doit même poser des congés, payés ou non, pour pouvoir participer aux compétitions. Dans certains cas, on tente de légitimer les faibles salaires des sportives professionnelles par le peu de revenus qu’elles font générer à l’industrie. Mais, même si on observe une amélioration depuis la Coupe du Monde féminine 2019 et des exceptions comme le tennis, le sport féminin a toujours été trop peu médiatisé. Rémunération, médiatisation, visibilité : c’est un cercle vicieux. Une autre entrave ? L’absence de compétitions féminines. Au Japon, le sumo est traditionnellement interdit aux femmes, qui ne sont même pas autorisées à poser le pied dans le dohyô (cercle où se déroule le combat). Kon Hiyori, lutteuse de sumo, se bat pour que ce sport s’ouvre aux femmes et que ces dernières puissent participer à des compétitions professionnelles. Et enfin, comment oublier le sexisme latent dans le monde sportif ? Joueuses, journalistes, membres de fédérations, … toutes ont au moins eu à subir une remarque sexiste. Clémentine Sarlat, co-présentatrice et journaliste de l’émission Stade 2 a révélé cette année l’enfer que lui ont fait vivre ses collègues sur le plateau entre harcèlement moral et sexisme. Cette affaire rappelle amèrement le traitement subi par Marianne Mako dans les années 90, première femme à couvrir le football à la télévision dans l’émission Téléfoot.

Comment poursuivre le combat ?

La réponse réside dans l’éducation. Arrêter d’empêcher un garçon de faire de la danse et une fille de la boxe, ne pas réserver la marelle aux filles et le football aux garçons dans la cour de récréation, ne pas utiliser l’expression « comme une fille » comme une insulte : voilà quelques pistes. L’éducation est primordiale dans la perception du sport. Aux États-Unis, le soccer est majoritairement pratiqué par des filles et des femmes. Pour ces raisons, il est considéré comme beaucoup moins violent et physique que le baseball par exemple. En France, le football est vu comme très physique car pratiqué par des hommes. Cette ambivalence témoigne de l’influence de la culture et de l’éducation sur notre perception des sports, et de la vision négative des sports « de femmes ». Les performances d’athlètes exceptionnelles ont totalement changé le regard du public sur certains sports. Lindsey Vonn, avec ses 82 victoires en World Cup a ouvert le chemin des femmes dans le ski alpin professionnel, qui est maintenant très regardé et suivi aux États-Unis. Il en va de même au tennis avec Serena Williams. Sa finale de l’US Open 2018 contre Naomi Osaka a attiré moitié plus de spectateur que la finale masculine. En France, depuis la victoire de l’équipe de France masculine à la Coupe du Monde en 2018 et l’accueil de la Coupe du Monde de Football en 2019, les licenciées en football féminin sont en hausse (15% entre 2018 et 2019). L’UEFA a lancé en 2019 la campagne « Time for Action », visant à « assurer l’avenir du football féminin sur le long terme ». Les résultats sont déjà intéressant : le nombre de femmes siégeant au sein des instances dirigeantes de l’UEFA a augmenté de plus de 50% depuis 2019.

L’égalité dans le sport est possible, il suffit de poursuivre nos efforts.

En bonus :

Le film The Battle of the Sexes qui retrace le combat de l’icône féministe du tennis Billie Jean King pour plus d’égalité dans le sport.

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